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vendredi 19 février 2010

"La Nuit des rois", Jean-Louis Benoît



La Nuit des rois. Ce n’est pas la plus connue des pièces de Shakespeare, mais ce n’est pas la moins intéressante. Paraît-il qu’Ariane Mnouchkine l’a mise en scène ; je suis né trop tard. Moi, je l’ai vue mise grâce à Jean-Louis Benoît. Et ce n’est sans doute pas pareil.

Un naufrage, une île, un travestissement, des amours contrariées. Du comique, de la mélancolie, une once de tragédie pour le dindon de la farce. Des décors efficaces, une belle toile de fond ; ciels d’un bleu apaisant… Evidemment, j’ai trouvé plombant le prince Orsino qui languit de sa comtesse et préféré la grosse servante (à la voix masculine ; normal, c’était un mâle) à l’arrière train bien prononcé, l’oncle de la comtesse, aux cheveux roux et à l’allure de Falstaff, le couard Chevalier vaguement maniéré… Entre le sérieux de Viola et la douleur d’Olivia, place aux pitreries, aux moqueries, aux vengeances basses, voire à la cruauté envers Malvolio. Quand c’est visuel ou enjoué, on était dans la pièce, quand c’était terne, on n’y entendait plus rien. La faute aux voix, peu fortes… Il fallait trop tendre l’oreille pour être dedans. Dommage ; du coup même les interventions de Feste, le bouffon, n’étaient pas efficaces. Et pourtant le personnage le plus important de cette pièce à multiples entrées et intrigues, cependant, est Feste, le fou qui n’est pas assez fou, qui fait le mur plutôt que d’aiguiser ses réparties. Un fou à l’allure de Chaplin, dont le pendant n’est justement que Malvolio. Un autre bémol, même s’il ne doit pas vous interdire de découvrir cette histoire, réside dans la mise en scène qui jouerait des travestissements pour tenir un discours sur l’ambivalence sexuelle ou identitaire, conformément à ce que dit Viola : « I am not what I am. » Que les pages soient des jeunes filles, que la servante soit un homme, tout cela ne change rien à la pièce, n’apporte rien au propos.


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