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mercredi 29 juillet 2009

Ma "Conversation amoureuse" : Alice Ferney



Ferney écrit bien. Elle est plutôt forte. Par conséquent, cette lecture m’a plu, mais j’ai trouvé son livre pessimiste. Oui, je trouve que Ferney est assez cruelle dans ses livres. D’accord, je n’ai lu que Conversation amoureuse et feuilleté Les autres, mais, bon, ça m’a beaucoup fait penser à Risibles amours de Kundera dans la « noirceur » de la chose. En même temps, la proximité du temps de ces lectures m’y a peut-être incité.


Dans Conversation amoureuse, il y a beaucoup de problèmes de couple, d’adultères désirées ou effectives, de violence. Je ne nie pas cette réalité, il faudrait ne pas être sage, et je ne pense pas que la littérature doit être fondée sur des bons sentiments. Je pense juste que rester sur un constat n’est pas du ressort de la littérature. Si la littérature ne doit pas être morale, elle ne doit pas pour autant se résigner. Qu’un livre soit un miroir que l’on promène le long du chemin, bien sûr, mais un miroir brisé qui contienne des éclats me convient davantage.

Au fond, ce qui m’a bouleversé, c’est le grand réalisme de ce livre. Mais je n’ai pas pu ne pas m’énerver ou être en colère face à des attitudes, forcément réelles, perçues quotidiennement. La fatalité n’est pas le destin, et ce qui est à retirer du livre, c’est l’absence de volonté pour trouver des solutions. On n’est pas malheureux par hasard. Rater est une entreprise facile et individuelle, réussir est une démarche plus ardue et collective. Les personnages de ce roman ne conversent pas, ne communiquent même pas. Englué dans ce qu’ils sont. La conversation amoureuse existe lorsque l’amour existe. Et aimer mal, ou mal s’aimer, est chose aisée. Aucun retour sur le passé, sur ses blessures. Vivre dans l’instant, c’est vivre sans les mots, et rien de durable n’est possible quand on n’a pas les mêmes… Babel, la tour, n’a pas été terminée, mais ce péché originel a été depuis ce temps annulé : on pourrait s’en souvenir. Ce qui m’a donc frappé, c’est la « répétition », l’enfermement des situations. Rien à voir avec la figure de la spirale, qui m’est chère. Au divorce du parent répond le divorce de l’enfant. La femme qui a perdu son ami, très jeune, se marie avec un homme assez âgé : un autre deuil n’est déjà pas loin. Et puis j’ai eu du mal avec l‘histoire principale de Gilles et Pauline. Minutieusement écrite, parfois trop, au risque de paraître fausse... Gilles, lui, m’a profondément agacé avec sa suffisance, sa lourdeur et ses manques de considérations.


Bon, d’accord, lire ce livre est quand même salutaire, en plus d’être bien écrit. Il montre ce qu’il ne faut pas faire. C’est peut-être plus efficace, me dit-on. A l’embourbement général du livre, faire confiance à la pépite d’or, peut-être encore présente dans l’esprit, voire le cœur, des lecteurs. Bon, d’accord, il y a bien une lumière d’espoir, dans ce (très) long roman. Elle vient peut-être tardivement et peut passer inaperçue, mais c’est un peu comme dans un couple : ne pas être aveugle et savoir qu’il faut du temps, pour construire. Conclusion : je reviendrai, Alice, je reviendrai. Ta conversation littéraire a le mérite de me faire franchir le miroir, à défaut du Rubicon.


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