D’habitude, les billets, sur ce blog, concernent la littérature – un livre – ou, à la rigueur, un film adapté d’un récit (manque de bol : mon Week end à Zuydcoote, film d’Henri Verneil adapté d’un roman de Robert Merle, a été perdu lors d’une erreur de manipulation). Avec ce film de Tarentino, ce n’est pas le cas – à moins de valider la parution en BD dans le magazine Playboy… Et puis, à dire vrai, je voulais en parler.
On va voir ce film pour Brad Pitt, pour le côté western et parce qu’on boute des nazis jusqu’en Enfer… alors qu’en réalité le seul héros de cette histoire est le personnage joué par Christoph Waltz, lauréat à Cannes 2009 du Prix d’Interprétation Masculine, autrement dit : le colonel Hans Landa. « Le Chasseur de Juifs » est son surnom. Brrr… Vous frissonnez et, pourtant, vous n’êtes pas, mes lecteurs, forcément juifs. Le colonel Hans Landa est un grand pervers polyglotte, un être sadique que je qualifierais de machiavélique si je n’avais pas tant de respect pour les citoyens de Florence. Ses interrogatoires sont longs, minutieux, implacables. Ils sont stressants pour les juifs, pour les interrogés, et forcément pour le spectateur. Tous, nous ne sommes pas des nazis, aurait pu dire n’importe quel président américain, de préférence élu après les années 1930. Pendant de longues minutes, on attend, on se dit qu’il va trouver les juifs, arriver à ses fins, boucler son enquête, en espérant un sauvetage, une faille, un abandon. Va-t-il vraiment les avoir ?... Cela serait d'un suspense banal si 1) ce n’était pas un nazi 2) ce n’était pas un gosse qui s’amuse avec la vie des gens. Oui, résoudre une enquête, un casse-tête, ne prête pas à conséquence : j’avance mes pions à vue et je savoure votre défaite. Mais quel acteur ! Quel monstre de perversité… A tel point que le cœur s’accélère et reste à 120 pulsations minute, pendant quelques minutes.
Cet acteur, qui arrive toujours à ses fins, maîtrise les principales langues européennes. Et grâce à ces différents codes, il déjoue les plans de ses ennemis. Dieu tout puissant parmi les hommes, les autres, en fin de compte. Babel. Maîtriser la langue, c’est être le plus fort. Toute l’histoire est construite sur ces codes : mise en abyme du travail cinématographique de Quentin Tarentino lui-même, fait de clins d’œil et d’imitations. D'ailleurs, belle idée qu'un cinéma puisse détruire le Mal absolu, incarné - entre autres - au XX ème siècle par le III ème Reich. L'Art tient fermement sa part d'uchronie.
On va le voir ce weekend!...J'espère que nous pourrons en dire le plus grand bien!
RépondreSupprimerMerci pour ton analyse.
@+
Pat
Pas de quoi. Vous m'en direz des nouvelles.
RépondreSupprimerQT parvient à rendre presque sympathique la pire ordure du film,tandis qu'on rit souvent le long de ce film certes ultra-violent mais réjouïssant. Brio.
RépondreSupprimerAh ! bien, je vais en remettre une couche sur "Week-end à Zuydcoote"
RépondreSupprimerhttp://grain-de-sel.cultureforum.net/auteurs-francais-et-d-expression-francaise-f3/merle-robert-t1044.htm?highlight=merle
pour pallier son absence sur ton blog que je trouve "bien achalandé", comme on dit dans nos campagnes (rire).