Il est de bon ton de critiquer le pouvoir. Comme Nicolas Sarksoy est au pouvoir, il est de bon ton de critiquer Nicolas Sarkosy. Le français n’a jamais eu la tête épique, la verve moraliste et la plume satirique : si ! Ce livre de Patrick Rambaud ne déroge pas à la règle. Dans sa « notice explicative pour le bon usage de cette chronique », il nous dit vouloir se placer dans ce genre séculaire de la satire, mis en usage par Horace et Juvénal. L’on sait tout de suite que ce qui lui cause de l’embarras, en France, ce n’est pas la circulation parisienne mais « le visage de Notre Nouvelle Majesté ». Cela lui donne même de l’urticaire, c’est tout dire.
Moi, je dirai que c’est un livre sympathique, mais aux scènes bien convenues, à la moquerie bien évidente. Attention, je ne dis pas que c’est mal écrit, cela ne manque pas de pétillance, mais quand tous s’acharnent à décrypter, à montrer sans cesse, à caricaturer, les faits et la geste du Pétulant Souverain, cet ouvrage perd grandement de sa saveur. On lit déjà au quotidien l’Histoire. Dans ce récit, cela semble déjà bien démodé. L’image et l’Internet dans cette entreprise ont pris de l’avance. On connaît tous, dans ses détails les plus marquants, la première année, de N.S. Sans doute que dans le second volume – on espère qu’il y en ait autant que son règne compte d’annuités – il y a davantage de faits obscurs, secrets, de couloirs dérobés aux profanes ! Bref, que l’on ait un peu plus l’impression de lire des chroniques, puisqu’on lit des chroniques pour connaître, pour savoir…
Au sourire des scènes à la moquerie superficielle, j’ai préféré le rire plus littéraire de ces deux passages : lorsque Patrick Rambaud fouille la généalogie des bons et des mauvais Besson, lorsqu’il raconte la venue en Afrique de N.S. et son fameux discours de Dakar. Là, dans les deux cas, il arrive à contrer les relents médiatico-journalistiques par la grâce du langage, par ce qui fonde la littérature : l’origine des mots et l’intertextualité. Deux des éléments qui mettent en relief le présent, qui donnent une perspective et un sens à ce qui s’écrit. Quand on a une Majesté qui renie La Princesse de Clèves, autant critiquer son règne de cette façon. Marianne, Les Guignols et Stéphane Guillon ont déjà choisi l’autre.
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