Dans cet écrit très écrit, à la langue agréablement classique et soutenue, accompagnée parfois de termes crus, mais justifiés par l’appétit des corps, l'exploration de la nébuleuse "Désir" s'effectue à travers une distanciation narrative, courante dans les écritures de soi, mais, ici, marquée par le tutoiement. Les récits surgissent d'une époque révolue ("tu t'es délibérée depuis certains temps déjà de ne plus vivre de la sujétion de désirs ordonnées") et cet éloignement est propice à un listing de la configuration du désir : désir et dissimulation, désir et reconnaissance, désir et dégoût, désir et interdit, désir et prince charmant, désir et ambiguïté physique…
Déconstruisant le genre autobiographique ("l'illusion d'un dévoilement de ce qu'ils imaginent être un sujet"), celle qui s'essaye à décrypter, à reconstituer les questionnements, les illusions, les atermoiements et les stratégies qui s'exercent mentalement quand Il surgit, nous offre sa figure, impalpable et surtout digressif, car, en fin de compte, on est toujours détourné : "la même où l'on croit le plus radicalement lui échapper — dans l'éperdu du désir — il insinue des lois, sa comédie, son empire. Nos désirs nous sont soufflés — théâtralement et vulgairement : dictés et dérobés."
Pas un jour nous propose donc de suivre les méandres de ce qui nous fait agir —l'homme est un animal désirant — dans toute sa complexité et ses incertitudes.
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