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mardi 21 juillet 2009

Louis Pergaud : "De Goupil à Margot"


(vieille chronique)

Les huit récits de ce recueil sont marqués par une vision cruelle, violente et pessimiste du quotidien animal, lieu de lutte entre les animaux, entre l’animal et l’homme, comme le laissent entendre ces quelques titres : “la tragique aventure de Goupil”, “l’horrible délivrance”, ”la captivité de Margot”, “la conspiration du murger”, “le viol souterrain”... De Goupil à Margot, comprenez que c’est le même combat... Chaque récit est semblable à une petite nouvelle dont la chute, pourtant presque sans surprise, se rapproche véritablement du couperet du Dr Guillotin, puisqu’elle est, chaque fois, le point final d’une agonie. Chaque récit est donc la chronique d’une mort annoncée... Il y a bien une fin heureuse, me crie-t-on, dans “l’évasion de la mort”, mais cela tient du miracle : car Rana la grenouille ne survit que grâce à l’intervention fortuite d’une buse. Par accident...


Louis Pergaud, dans sa langue riche et descriptive, construit ses scènes rurales en mettant en évidence le point de vue - la conscience (le terme revient souvent) - de l’animal : naïveté, incompréhension, désarroi, terreur... Louis Pergaud “psychologise”, personnifie. Doit-on y voir une réflexion sur la condition humaine ? Si Louis Pergaud, dans la perception minutieuse qu’il a de son terroir, du petit peuple de la forêt et de la campagne, rejoint La Fontaine en ce qui concerne l’âme des animaux, son intention ne semble pas être, comme dans les Fables ou dans La ferme des animaux d’Orwell, de moraliser son public, mais peut-être bien, plutôt (certes, c’est aussi un message), de rapprocher les hommes des animaux. Pergaud a les mains pleines de terre.


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