Je me méfie du roman choral, en général. Mais, là, j'ai été agréablement surpris. Et cela d'autant plus qu'Arnaud Cathrine a une écriture efficace. Rien de trop. Juste assez. Au fond, cette histoire est banale : un homme quitte sa femme parce qu'il se rend compte qu'il s'est trompé, qu'elle ne correspond pas à ce qu'il avait cru. L'inverse d'un gougat : un individu trop sincère. Alors il part, rencontre des femmes. Parce que l'intérêt résiderait dans les multiples portraits qu'on peut faire de lui : sa mère, sa soeur, sa femme, une amie sans lendemain, une tenancière d'un bar de nuit, une voisine... Il part jusqu'à la mer, il revient dans sa maison d'enfance, et puis aurait peut-être envie de recommencer une nouvelle vie avec son ancienne femme, tant il est évident que les autres changent parce que nous avons, nous-même, changé. D'abord.
Le mérite d'Arnaud Cathrine est de nous faire aimer ce livre en dépit d'une fin inexistante, d'une fin ouverte, parce qu'inexistante, puisque l'errance est là, continue, depuis que l'ironie ou le coup du sort a détruit ce qui semblait alors promis. Car je déteste les fins ouvertes. Au fond, ouvertes, fuyantes. Pourtant ce n'est sans doute pas la première disparition qui justifie le titre, mais bien la seconde, tragique, celle qui nous fait véritablement perdre l'identité de Richard Taylor, qui dilue sa personne - de manière ironique. La disparition de Richard Taylor n'est peut-être pas, non plus, la sienne, d'ailleurs, mais celle de sa femme et de son enfant. La disparition par essence, en fin de compte. La "disparition" de la femme.
Et je me demande maintenant si ce roman, centré sur Richard Taylor, n'est pas l'occasion d'explorer les relations que toutes ces femmes ont avec lui. S'il ne s'agit pas d'interroger la Femme contemporaine. Plutôt.
L'oeuvre d'Arnaud Cathrine : un homme qui regarde des femmes qui regardent un homme.
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