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dimanche 29 août 2010

"En Magellanie" : le testament de Jules Verne




En Magellanie est un récit de Jules Verne écrit en 1897 et publié seulement en 1987. Entre temps, le fils Verne, Michel de son prénom, l’a réécrit et publié, sous le titre des Naufragés du « Jonathan », ajoutant ainsi jusqu’à vingt chapitres et cassant la cohérence profonde de cette œuvre qui, pour avoir été longtemps tue, est toujours intéressante après les guerres du XXème siècle et ses totalitarismes…

En effet, c’est un récit politique qui prolonge l’aventure du capitaine Nemo de Vingt mille lieues sous les mers. Le personnage principal, dont on ne sait rien, strictement rien, tait sa nationalité, refuse tout contact avec les autorités, est en haine contre toute idée d’asservissement. Ni Dieu, ni maître. Figure de l’anarchiste, pour qui « il suffit d’être un homme pour faire le bien », il agit comme un saint laïque, n’hésitant pas à sauver un Indien aux prises avec un jaguar et à le ramener, même mort, parmi les siens, ou à sauver un navire en perdition près du Cap Horn. A soigner, à conseiller, à aider.

Dans ce récit, Jules Verne tente l’aventure des utopies, préoccupation ô combien importante dans ce XIXème siècle qui vécut réellement trois bouleversements (politique, technologique et économique) et dont les Robinsonnades sont un des moyens littéraires fameux. Jules Verne n’avait d’ailleurs, jusque-là, pas été en reste : Deux ans de vacances, L’Ile mystérieuse… Ce faisant, il passe en revue et en filigrane différentes manières d’établir une société, jusqu’à considérer que remettre à un seul homme les destinées d’une communauté ne peut se faire qu’à la seule condition que celui-ci soit un Sage.

Cet homme, c’est donc le Kaw-djer, le bienfaiteur des indigènes de la Terre de feu, celui qui allait se suicider juste avant de sauver les passagers du « Jonathan ». Et l’on voit toute l’ironie de la marche du monde. Une sorte de Christ, qui en ne se tuant pas, sauve malgré tout ces gens, et devient par la suite, une nouvelle fois, lorsque l’île Hoste est en proie à l’agitation et à la violence, leur Sauveur. Avec la construction d’un phare sur l’île Horn, il affirme l’espoir et la lumière des hommes. Ce soleil qu’est la bonté, la générosité, la solidarité. Loin de la cupidité et de l’or. Ce que peut produire l’homme, pas l’animal, et s’il n’y avait que deux scènes à retenir dans ce récit ce serait, justement, le premier chapitre, très cinématographique, avec l'attaque du jaguar et les dernières pages lors de l’inauguration du phare.


"Et, maintenant, un navire, arrivant de l’est, après avoir eu connaissance du feu de l’île des Etats à l’extrémité du littoral fuégien, peut, avant d’apercevoir les feux des eaux chiliennes, relever ce phare du cap Horn, dressé par les colons de l’île Hoste, à la jonction de l’Atlantique et du Pacifique."


Ce n’est donc pas étonnant que la grande Ariane Mnouchkine ait créé son dernier spectacle à partir de cette histoire de Jules Verne : Les Naufragés du Fol Espoir (Aurores).


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