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dimanche 3 mai 2009

"La seconde surprise de l'amour" : Marivaux




La seconde Surprise de l'amour, de Marivaux.

mise en scène : Luc Bondy

    

LA MARQUISEriant.

On le prendrait pour mon amant, de la manière dont il me remercie.


LE CHEVALIER

Ma foi, je défie un amant de vous aimer plus que je fais ; je n'aurais jamais cru que l'amitié allât si loin, cela est surprenant ; l'amour est moins vif.


LA MARQUISE

Et cependant il n'y a rien de trop.

(Acte II, scène 2)


     C'est souvent drôle et quand même irritant, Marivaux. Voir tous ces atermoiements amoureux, cette errance des sentiments, alors qu'on sait bien comment ça va se terminer... Rien à voir pourtant avec la vie : les atermoiements amoureux existent bien, mais ils ne sont pas drôles et on ne sait pas comment ça va se terminer. Ah ! L'aisance du spectateur !... J'ai eu grand plaisir à revoir, hier soir, sur Arté, La seconde surprise de l'amour, pièce écrite par Marivaux et mise en scène par Luc Bondy. 


     Deux endeuillés, la Marquise et le Chevalier, apprivoisent peu à peu le sentiment qu'ils ont l'un pour l'autre. A côté de ces tristes sires, le miroir inversé des valets, Lisette et Lubin, bons vivants. A côté de ceux-là encore, les deux célibataires que sont le disciple de Sénèque et le barbon aristocrate... Ruse de la farce et force de l'analyse (ou faiblesse !). Grâce, naïveté : trivialité de nos quotidiens. L'amour se dévoile - ou naît - aux deux jeunes gens sous les horions de l'amour-propre. Marivaux, c'est toujours bien. Mais c'est encore mieux avec ce bêta-petit garçon de Chevalier en pantalon jaune et la sublimissime Marquise (c'est juste parce que Clotilde Hesme est très grande que je choisis ce mot ; évidemment.), qui prendra la place d'Angélique dans le coeur du Chevalier. L'alliance du côté désenchanté (ô rage ô désespoir ) et du comportement petit-enfant (étonnement et bouderies) est vraiment réussie. La mise en scène avec les deux maisons, le cadre, la voix lactée par terre, est efficace. Le jeu des acteurs m'a touché ; et j'ai pris bien du plaisir à savourer les mots de Marivaux avec le ton de Luc Bondy. Et je prendrais, encore, bien du plaisir à l'écouter et le regarder en DVD, ce spectacle : car ce qu'il y a de bien, à notre époque, c'est que les bonnes surprises redoublent grâce aux enregistrements. 


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