Richard III, Shakespeare, mise en scène de François Parmentier
Cela faisait bien longtemps que je souhaitais voir un Shakespeare sur une scène de théâtre. Pour ce qui est des films, j’ai déjà donné… Alors cette soirée promettait. Un drame historique et cette suppliante : « Un cheval ! Mon royaume pour un cheval ! » Je piaffais d’impatience.
Pourtant, le choc n’allait pas être complètement au rendez-vous. Premièrement, parce que j’étais parti en retard de chez moi. Deuxièmement, parce que j’étais fatigué. Ma tête avait une forte tendance à ne pas vouloir rester droite, et fière, au dessus de mes épaules…
Heureusement que j’avais quelques rudiments en matière de guerre intestine et anglaise. Les York, les Lancastre, la guerre des Deux-Roses… je ne fus pas si perdu que ça, même si les meurtres se sont enchaînés et que le tourbillon emporta le reste de ma raison… En même temps, pour dire la folie des hommes et la haine d’un homme en particulier, on ne peut faire mieux que de « bousculer » le spectateur. Voire de le perdre. Qui est qui ? Fi donc ! Mauvaise question. Des vivants en sursis. Les morts se ressemblent tous.
Richard de Gloucester, l’homme laid qui se promet d’être roi, intrigue en effet à merveille et abat, l’un après l’autre, ses opposants, dont les portraits géants le surplombent au fur et à mesure des assassinats. Comme une épée de Damoclès, le signe d’une vengeance à venir, des fantômes. Qui verse le sang verra son sang couler à son tour.
Ce dispositif est très impressionnant, il rejoint dans sa narration les figurines en deux dimensions qui représentent les protagonistes de l’Histoire et qui traversent la scène. Un peu comme des pantins, comme des marionnettes, des jouets. Peut-être aussi comme les figures d’un échiquier.
Entre ces deux espaces (le devant de la scène et le rideau), se tient un pavement rouge et blanc, couleur des deux familles royales… et s’ajoutent des blocs gris, constituant tour à tour le trône, le cimetière, la table.
Il y a eu de beaux moments de poésie, de beaux tableaux, avec les couleurs, les ralentis, mis en valeur grâce à deux musiciens baroco-électriques ; et le personnage de Richard, que je trouvais brouillon et emprunté, prend peu à peu de la consistance. Il s’ajuste. Sa perfidie nous le montre toujours fragile et quand sa volonté de grandeur se réalise enfin, l’absurdité de sa geste éclate avec sa peur de mourir. Tout ça pour ça. Un grand final.
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